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L’Opinion, le 01/04/2024
The Wall Street Journal
Jared Malsin
Selcuk Bayraktar, l’ingénieur à l’origine des drones Bayraktar TB2, est désormais considéré comme un héritier potentiel de son beau-père, Recep Tayyip Erdogan
Selcuk Bayraktar, ici au centre avec un blouson d’aviateur, est l’une des personnalités les plus populaires en Turquie. – Ahmed Deeb for The Wall Street Journal
IZMIR, Turquie — Les drones TB2 de Selcuk Bayraktar ont grandement contribué à enrayer l’invasion russe des plaines ukrainiennes, en bombardant les convois militaires envoyés par le Kremlin en direction de Kiev.
Les drones font toujours partie de la stratégie de défense à long terme de l’Ukraine. La société de M. Bayraktar y construit d’ailleurs une usine de fabrication, à l’heure où le soutien occidental s’affaiblit. L’Azerbaïdjan les avait déjà utilisés contre les forces arméniennes en 2020, tandis qu’en Libye, ils ont contribué à déjouer une attaque lancée par un seigneur de la guerre soutenu par la Russie.
En Turquie, les drones de M. Bayraktar ont fait de cet ingénieur aérospatial de 42 ans, formé au MIT, une sorte de héros du peuple pour avoir placé le pays sur le devant de la scène internationale — et en devenir, peut-être, le prochain dirigeant.
Aujourd’hui, ses soutiens le pressent de briguer la succession de son beau-père à la présidence du pays, alors que le carnet de commandes de son entreprise ne cesse de s’étoffer
Souvent vêtu d’un blouson et de lunettes d’aviateur, il est marié à l’une des filles du président Recep Tayyip Erdogan et est assailli par des fans partout où il va. Les sondages montrent qu’il est l’une des personnalités les plus populaires en Turquie.
Aujourd’hui, ses soutiens le pressent de briguer la succession de son beau-père à la présidence du pays, alors que le carnet de commandes de son entreprise ne cesse de s’étoffer. La Roumanie et la Pologne, membres de l’Otan, ont en effet récemment rejoint la liste croissante des pays désireux d’acheter ses armes.
M. Bayraktar affirme ne pas avoir d’ambitions politiques, mais il n’exclut pas la possibilité que M. Erdogan lui demande de se présenter à un futur scrutin. Au pouvoir depuis plus de vingt ans, le président turc Erdogan, âgé de 70 ans, va atteindre sa limite de mandat en 2028 et les spéculations vont bon train quant au nom de son successeur, alors que son parti a essuyé un revers lors d’élections municipales ce week-end.
« Peut-être que je dirais oui, mais cela dépendra des circonstances », a indiqué M. Bayraktar lors d’une interview accordée au Wall Street Journal à l’automne dernier, tout en vapotant assis sur un canapé en cuir dans la salle d’entraînement des pilotes d’une base militaire à Izmir, sur la côte égéenne turque.
« Je ne fais pas de politique », a-t-il ajouté, avant de se corriger. « Je ne fais pas de politique active. »
Ce jour-là , des milliers de personnes s’étaient rassemblées, à l’extérieur, sur le tarmac pour participer au Teknofest, un festival militaire et technologique qu’il a fondé. Destinée à promouvoir la science et la technologie, l’événement est à la fois un Coachella, un meeting aérien et un rassemblement électoral.
Plus tôt dans la journée, les haut-parleurs crachaient la chanson Killing in the Name de Rage Against the Machine tandis que des avions de guerre F-16 passaient au-dessus des têtes, sous les vivats d’une foule nombreuse malgré un soleil de plomb. M. Erdogan est ensuite monté sur scène et a dénoncé l’opposition turque en la qualifiant de fasciste. En réponse, le public a scandé « Erdogan, leader mondial ! ».
M. Bayraktar a alors rejoint son beau-père sur scène, où ils ont tous deux distribué de gros chèques à de jeunes entrepreneurs de la tech — des prix décernés par la fondation de M. Bayraktar pour la science et la technologie.
M. Erdogan s’est imposé comme le dirigeant le plus puissant de Turquie depuis un siècle. Ces deux dernières décennies, durant lesquelles il a été successivement Premier ministre puis président, il a emprisonné ses détracteurs, évincé ses opposants et engagé les forces turques dans des guerres sur trois théâtres différents. M. Erdogan a surmonté une réélection difficile l’année dernière, l’opposition n’ayant pas réussi à le déloger, malgré un tremblement de terre meurtrier et une crise économique qui ont ébranlé le pays.
La question de savoir qui prendra sa suite est désormais brûlante, le président ayant déclaré au début du mois que les élections locales qui ont eu lieu ce week-end seraient sa dernière campagne, « conformément à la loi ». M. Erdogan pourrait encore changer d’avis, mais, selon des fins connaisseurs de la politique turque, la course à la succession a déjà commencé.
« M. Bayraktar est un homme convenable, qui jouit d’une grande crédibilité. Je pense que tout converge vers le gendre d’Erdogan », observe Burak Kadercan, professeur de stratégie à l’U.S. Naval War College et spécialiste de la politique turque.
Né à Istanbul dans une famille d’ingénieurs, M. Bayraktar évolue depuis longtemps dans des milieux bien connectés. Son père, Ozdemir Bayraktar, a connu M. Erdogan durant leur enfance sur la côte de la mer Noire. Les deux hommes étaient toujours en contact lorsqu’il a créé son entreprise de pièces détachées automobiles, Baykar, dans les années 1990.
Dans sa jeunesse, Selcuk Bayraktar a passé une grande partie de son temps dans l’usine familiale, construisant parfois des modèles réduits d’avions radiocommandés à partir de kits, quand il ne bricolait pas ses propres maquettes. Cette expérience lui a servi de base pour ses études au début des années 2000, d’abord à Istanbul, puis à l’université de Pennsylvanie, à peu près au moment où les drones Predator fabriqués par les Etats-Unis ont commencé à avoir un impact décisif sur les théâtres afghans et irakiens.
De là à fabriquer ses propres prototypes de drones dans l’usine familiale en Turquie, il n’y avait qu’un pas.
Lors de la présidentielle turque de l’année dernière, les drones de Bayraktar étaient au cœur la stratégie de communication d’Erdogan
A l’époque, la Turquie s’efforçait de se doter d’une industrie de l’armement locale et indépendante, capable de résister aux ruptures d’approvisionnement des producteurs occidentaux. Ozdemir Bayraktar a compris que les projets de son fils pouvaient avoir une certaine valeur et s’est arrangé pour qu’il mène des tests avec l’armée turque.
Les cadres et les ingénieurs de l’entreprise attribuent à M. Bayraktar le mérite d’avoir aidé à superviser les vols d’essai initiaux de son premier drone, qu’il a appelé Mini U.A.V. Dans une séquence documentaire datant de 2003, on le voit expliquer l’importance des aéronefs sans pilote à un groupe d’officiers de l’armée. Son mémoire de maîtrise s’intitulait « Manœuvres d’atterrissage audacieuses pour les UAV ».
En 2014, M. Bayraktar a présenté un prototype de drone plus grand, capable de transporter des armes : le TB2, un appareil révolutionnaire.
Il n’était peut-être pas aussi sophistiqué que ses rivaux fabriqués aux Etats-Unis, mais M. Bayraktar avait comblé un vide en construisant des drones fiables, capables de déjouer les défenses anti-aériennes en volant lentement et à basse altitude. Le TB2 est aujourd’hui considéré par de nombreux acteurs du secteur comme la Kalachnikov des drones. Il a joué un rôle crucial en Syrie, en permettant à l’armée turque d’échapper aux systèmes de défense antiaérienne fournis par la Russie et de frapper les forces gouvernementales.
L’Ukraine en a accumulé tout un stock. D’autres gouvernements ont également passé des commandes, les drones ayant peu à peu montré leur capacité à modifier la dynamique des conflits dans le monde entier.
Les organisations de défense des droits de l’homme se sont parfois inquiétées de l’identité des acheteurs après que le gouvernement éthiopien a utilisé des drones TB2 au cours de la guerre civile qui a éclaté dans le pays en 2021. Les responsables turcs affirment que les ventes sont assorties de clauses à caractère humanitaire.
M. Bayraktar s’est fait relativement discret en Turquie, même après avoir épousé l’une des filles de M. Erdogan, Sumeyye, en 2016. Mais au fur et à mesure que la réputation de son drone a décollé, la sienne aussi.
Lors de la présidentielle turque de l’année dernière, les drones de M. Bayraktar étaient au cÅ“ur la stratégie de communication de M. Erdogan, qui les a présentés comme un symbole de la fierté nationale et des aspirations de la Turquie à acquérir de l’influence à l’échelle internationale. Sur une affiche électorale, le président apparaissait ainsi avec des lunettes et un blouson d’aviateur similaires à ceux de Selcuk Bayraktar, un TB2 volant au-dessus de son épaule gauche. L’industrie de la défense turque, en plein essor et qui a récemment fabriqué le premier porte-avions du pays, a joué un rôle central dans les campagnes du président turc, qui affirme vouloir redonner à son pays le statut de puissance mondiale.
Depuis lors, M. Bayraktar s’est fait l’écho d’une partie de la rhétorique nationaliste de M. Erdogan, en émaillant ses discours de références au passé ottoman de la Turquie. Il s’est également joint aux manifestants qui, soutenus par le gouvernement, ont protesté contre l’invasion de Gaza par Israël.
« Nous ne voulons voir que lui à la tête de la Turquie à l’avenir, une fois que M. Erdogan sera parti. »
M. Bayraktar et surtout son frère, Haluk, qui est devenu directeur général de Baykar après la mort de leur père en 2021, font partie du cercle restreint des conseillers de M. Erdogan et jouent un rôle de plus en plus important à l’étranger en tant que représentants du pays. Haluk, qui se rend fréquemment en Ukraine, a été photographié l’année dernière en train d’accueillir Volodymyr Zelensky à l’aéroport lors de la venue du président ukrainien en Turquie.
Parmi les héritiers potentiels d’Erdogan, peu d’autres candidats crédibles ont émergé.
Aucun des enfants de M. Erdogan n’a un CV comparable à celui de M. Bayraktar. Son autre gendre, Berat Albayrak, a fait l’objet de nombreuses critiques après un passage désastreux au poste de ministre des Finances de 2018 à 2020.
Le président a écarté ses adversaires au sein de son propre parti, tandis que les formations de l’opposition turque n’ont pas encore présenté de candidat de poids. Un challenger potentiel, le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, a battu le candidat du parti d’Erdogan et a été réélu ce week-end.
Les soutiens de M. Bayraktar affirment que son succès est le signe d’un avenir plus méritocratique pour le pays et le décrivent en des termes normalement réservés à des personnages tels que Steve Jobs ou Elon Musk. Son profil d’ingénieur et d’entrepreneur marque une rupture subtile mais importante avec certaines caractéristiques du régime d’Erdogan, qui a affaibli les institutions turques et centralisé le pouvoir autour de la présidence, selon les analystes.
« Il n’y a pas de préjugés religieux, ethniques ou politique », a déclaré l’un des participants au Teknofest, Kadir Burak Tandogan, un ingénieur de 22 ans, en essayant de se faire entendre par-dessus la musique tonitruante et le vacarme des avions de chasse qui passaient au-dessus de sa tête.
Au coucher du soleil, M. Bayraktar a quitté sa loge et est monté dans une voiturette de golf qui l’a conduit jusqu’à l’enceinte du festival. D’innombrables personnes l’ont alors entouré, lui demandant des selfies et des autographes. Une femme lui a mis un bébé dans les mains. Une autre, une Ukrainienne, s’est frayé un chemin pour lui dire qu’elle avait fondu en larmes en voyant les TB2 parqués autour d’eux sur la piste d’atterrissage.
Au moment où il tentait de fendre la foule grandissante qui s’agglutinait autour de lui, les gens lui ont lancé : « Selcuk mon frère ! Selcuk mon frère ! ». Il a serré des mains, a attendu qu’ils prennent des selfies avec lui et a bercé le bébé contre sa poitrine avant de le rendre à sa mère.
« Vous ne trouverez pas un seul citoyen en Turquie qui soit contre lui », assure Ozge Yilmaz, 35 ans, directeur d’une entreprise de meubles, qui avait fait la queue pour prendre une photo avec M. Bayraktar. « Nous ne voulons voir que lui à la tête de la Turquie à l’avenir, une fois que M. Erdogan sera parti. »
(Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould)
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